Imaginez-vous en 1844, seul sur la plage dâune baie australe Ă hurler votre dĂ©sarroi de voir partir toutes voiles dehors lâunique lien qui vous relie Ă la civilisation. Câest ainsi que nous faisons connaissance avec Narcisse Pelletier, marin vendĂ©en et, pour lâheure, hĂ©ros malheureux du roman de François Garde.
17 ans plus tard, lâĂ©quipage dâun navire britannique « capture » un Ă©trange aborigĂšne blanc, nu, couvert de tatouages et ne sâexprimant quâen langage indigĂšne. Que sâest-il passĂ© pour que Narcisse Pelletier, car câest bien notre matelot, oublie intĂ©gralement sa langue, sa culture, Ă©ventuellement son humanitĂ© ?
Câest ce que se propose de dĂ©couvrir un aristocrate fĂ©ru dâexploration convaincu de tenir lĂ le sujet dâĂ©tude scientifique de toute une vie.
Outre quâil sâagit dâun rĂ©cit captivant (dâailleurs rĂ©compensĂ© par le Prix Goncourt du Premier Roman), les aventures de Narcisse Pelletier ont lâimmense mĂ©rite de nous extraire du prĂ©sent pour mieux nous y faire rĂ©flĂ©chir. En effet, notre ensauvagĂ© a des choses Ă dire (ou Ă ne pas dire) qui en rĂ©vĂšlent beaucoup sur ce que sont les civilisations europĂ©ennes de la fin du 19Ăšme siĂšcle.
« Ce quâil advint du sauvage blanc » de François Garde, Ed. Gallimard, 21.50 euros TTC